La préparation des images peut bénéficier une vaste gamme de méthodes
aptes à résoudre divers problèmes. En voici une liste largement non
exhaustive:
- Amélioration du contraste:
- lorsque la quantité de lumière incidente
est faible ou que les surfaces observées présentent des teintes voisines
(en couleur comme en noir et blanc), le contraste peut être insuffisant.
L'étirement d'histogramme (transformation linéaire ou non-linéaire)
et son égalisation peuvent améliorer grandement la lisibilité de l'image.
- Amélioration de la netteté:
- le flou peut être réduit très simplement
par utilisation de filtres passe-haut, qui combinent d'une certaine
façon l'image donnée et ses dérivées (rehaussement des bords), de
façon à accentuer les variations au détriment des zones uniformes.
- Réduction de bruit par moyenne spatiale (filtres passe-bas) ou temporelle (intégration multi-images):
- les
pixels d'une image sont normalement fortement corrélés spatialement
(d'un pixel à ses voisins) et temporellement (d'un instant à l'autre).
Cette corrélation peut être exploitée pour éliminer les pixels ``déviants''.
- Compensation de non-uniformité d'éclairage et de réponse du capteur:
- les
non-uniformités d'éclairage (plus de lumière à certains endroits qu'à
d'autres) sont en général lentes, c'est-à-dire qu'elles concernent
essentiellement les fréquences spatiales basses. Un filtre passe-haut
peut les atténuer. Une autre approche consiste à calibrer l'éclairage
en conservant une image d'une mire uniforme qui sert de référence
pour l'intensité des pixels de même intensité en chaque point. Le
même procédé permet de tenir compte de la non-uniformité de la sensibilité
du capteur (Une seule mire permet de corriger l'intensité. Deux mires,
l'une claire et l'autre sombre, permettent de corriger à la fois l'intensité
et le contraste).
- Compensation des variations de contraste:
- en raison du vieillissement
des sources d'éclairage, des conditions de lumière ambiante ou d'interventions
sur les réglages du système, la quantité totale de lumière incidente
peut varier. Cela peut influencer le résultat des traitements. Une
façon de compenser de telles variations est la normalisation: on mesure
la luminosité moyenne dans les conditions d'apprentissage, puis lors
des inspections suivantes, on mesure à nouveau la luminosité moyenne
de l'image et on applique un coefficient correcteur approprié. Cette
technique n'est efficace que si le contenu de l'image ne change pas
d'une image à l'autre.
- Compensation de non-linéarité de réponse du capteur:
- une réponse
linéaire peut être décrite par deux points de mesure (une relation
linéaire en x, de la forme ax + b comporte deux paramètres inconnus).
Dans le cas général, par contre, la relation entre l'intensité lumineuse
reçue et la tension mesurée peut être non-linéaire. Si nécessaire,
la relation en question peut être étalonnée au moyen d'instruments
de précision et être tabulée pour permettre la correction.
- Réalignement (correction de position et direction):
- pour diverses
raisons, en particulier à cause du jeu mécanique de la fixation des
pièces, ou un déplacement involontaire de la caméra ou des pièces
elles-mêmes, ... les objets observés n'occupent pas toujours
exactement la même position dans le champ de vue. Si on est capable,
par des méthodes exposées ci-après, de déterminer la position effective
des pièces, on peut ramener celles-ci en position nominale par réalignement
(translation et rotation, éventuellement remise à l'échelle). Cela
permet de ramener l'objet inspecté dans une position telle que les
régions d'intérêt utiles peuvent rester fixes.
- Compensation des distorsions optique, perspective, des pixels non carrés:
- comme
on l'a vu, la chaîne de formation de l'image peut introduire différents
types de déformations qui donnent des objets observés une image faussée.
Si on est capable de mesurer les déformations correspondantes, notamment
par l'emploi de mires de formes connues -grilles, matrices de points,
damiers- on est également capable de compenser ces déformations et
de restituer la géométrie d'origine de la scène.
- Ré-échantillonnage géométrique:
- parfois, le contenu brut de l'image
n'est pas exploitable et on s'intéresse à des sous-parties d'images
de forme particulière: les profils correspondent aux valeurs des pixels
prises le long d'un segment de droite ou d'une courbe (arc de cercle
ou autre). Ceux-ci sont particulièrement utiles pour analyser des
formes longilignes. Les projections résultent d'un moyennage des valeurs
des pixels autour d'une ligne de référence et donnent une vision unidimensionnelle
de l'image (par exemple, une projection dans le sens horizontal permet
de séparer les lignes d'un texte). Le déroulement
ou le dégauchissement (plus généralement
appelés anamorphoses) consistent à compenser
la déformation de la chose à observer, telle qu'un marquage annuaire
au centre d'un CD-Rom ou l'étiquette d'une bouteille, pour pouvoir
l'observer à plat.
- Comparaison à une référence:
- dans de nombreux cas, les imperfections
introduites par la chaîne d'acquisition peuvent être acceptées si
l'on travaille par comparaison. Si les imperfections correspondent
à des erreurs systématiques, c'est-à-dire se présentent toujours avec
la même intensité et le même signe (distorsion optique permanente,
non-uniformité stable dans le temps, désalignement constant, ...),
il suffit de conserver une image de référence d'un objet sans défaut
et de comparer cette image aux images à inspecter pour observer les
défauts de la pièce sans être gêné par les défauts de la prise de
vue. Souvent, une simple soustraction d'image, ou la comparaison à
une tolérance de variation près suffit.
Tous les moyens présentés ci-avant permettent dans une certaine de
réduire ou éliminer des causes d'erreurs accidentelles ou systématiques.
Elles le font souvent au détriment d'autres qualités de l'image. Par
exemple, la réduction de bruit s'accompagne toujours d'une perte de
résolution qui se manifeste par une disparition des détails fins (à
partir d'un certaine niveau, et sans connaissance a priori, un algorithme
ne peut pas faire la différence entre du bruit et un détail fin).
Bien que le traitement numérique d'images procure une large gamme
d'outils propres à réduire divers défauts, il est bien plus recommandable
de les éliminer à la source, autant pour réduire la charge de calcul
que pour éviter d'introduire d'autres défauts. Répétons-le également,
les techniques d'éclairage sont de précieux auxiliaires pour mettre
en évidence l'information utile et la séparer de l'information parasite.
Marc Van Droogenbroeck. Tous droits réservés.
2003-09-30