Le cas du développement du réseau mondial Internet est assez particulier. À la fois parce qu'il a été fulgurant et parce qu'il n'y a pas d'autorité unique qui gère la totalité du réseau.
La complexité des structures était telle que, pour faciliter la coordination des groupes, on a créé l'Internet Society (ISOC) en 1992. L'ISOC est une association sans but lucratif qui regroupe les professionnels de tous les horizons d'Internet. La Belgique possède ses sections locales.
Les structures d'Internet sont de deux types: (1) celles qui ont la charge de la distribution des adresses et de l'information (figure 1.3, partie gauche), et (2) celles qui définissent la technologie (figure 1.3, partie droite).
Les adresses et les noms.
INTERNIC (Internet Network Information Center)
et la société Network Solutions étaient chargées du contrôle
des adresses au niveau mondial, déléguant leur pouvoir à l'organisme
Réseaux IP Européens (RIPE) pour l'Europe.
RIPE déléguait ensuite partiellement son pouvoir à des sociétés
commerciales qui exploitent directement le réseau Internet. Des modifications
sont intervenues afin de garantir une plus grande équité dans l'attribution
des adresses et des noms; on pensait initialement que l'ITU pouvait
être investie de cette mission mais cette idée a été abandonnée au
profit de l'ICANN (Internet Corporation for
Assigned Names and Numbers) qui officie comme le régulateur des organismes
autorisés à octroyer des noms de domaine. En Belgique, c'est la société
DNS.BE qui gère l'attribution des noms de domaine se
terminant par ``.be'' depuis la fin 2000.
En matière de domaines principaux (top-level domain ou TLD), les noms génériques sont limités à sept: .com (commerce), .mil (militaire), .int (international), .gov (gouvernement), .org (organisation), .net (réseau) et .edu (éducation aux États-Unis). Tous datent de la fin des années 1980. Depuis, seuls les suffixes désignant les pays (.be par exemple pour la Belgique) sont venus, au milieu des années 1990, enrichir la nomenclature.
En novembre 2000, l'ICANN a proposé l'ajout de nouveaux suffixes: .aero, .biz, .coop, .info, .museum, .name et .pro.
La technologie.
La définition des standards en vigueur sur Internet s'effectue par
des organismes spécifiques. Le centre nerveux est l'Internet
Engineering Task Force (IETF) qui canalise les développements.
Les résultats des travaux sont publiés sous la forme de Request
For Comments (RFC). Ces documents, disponibles gratuitement
sur Internet, font l'objet de discussion et certains deviennent des
standards après une procédure que contrôle l'Internet Architecture
Board (IAB). Les travaux de recherche sont effectués
au sein de l'Internet Research Task Force (IRTF).
Enfin, l'Internet Assigned Number Authority (IANA) définit toutes les grandeurs arbitraires (par exemple l'équivalent des préfixes téléphoniques pour Internet). Cette société héberge aussi la base de données des Country Code Top Level Domains. On y trouve par exemple des informations sur la gestion des noms de domaines nationaux comme .be.
Ces groupes ne sont pas les seuls. Ainsi le World Wide Web Consortium (W3C) effectue tout le travail relatif au Web. Dans certains cas, les résultats obtenus sont ensuite présentés à l'IETF pour adoption. Ainsi, les normes HTML 4.0, XML ou HTTP/1.1 ont d'abord été définies par le W3C, avant d'être soumises à l'IETF pour approbation.
Request For Comments. Le RFC (Request
for Comments) est le document de base en matière de normalisation
pour Internet. L'ensemble des documents RFC est disponible gratuitement
sur Internet. Initialement, ces documents étaient soumis pour commentaire.
Avec le développement d'Internet, les structures ont été revues et,
si le nom demeure, les textes des RFCs sont des documents qui ont
fait l'objet de débats préalables. À titre d'illustration, la
figure 1.5 reprend une partie de l'index
des RFCs.
On remarquera que tous les RFCs ne sont pas des standards; certains sont des propositions de standard, d'autres des règles de bonne pratique, d'autres encore sont à caractère informel, ... Le statut d'un RFC est spécifié dans l'en-tête de chaque document. La figure 1.5 montre le début de deux RFCs.