Sous-sections

11.1.2 Le concept cellulaire

Les réseaux de première génération possédaient des cellules de grande taille (50 [km] de rayon) au centre desquelles se situait une station de base (antenne d'émission). Au tout début, ce système allouait une bande de fréquences de manière statique à chaque utilisateur qui se trouvait dans la cellule qu'il en ait besoin ou non. Ce système ne permettait donc de fournir un service qu'à un nombre d'utilisateurs égal au nombre de bandes de fréquences disponibles. La première amélioration consista à allouer un canal à un utilisateur uniquement à partir du moment où celui-ci en avait besoin permettant ainsi d'augmenter le nombre d'abonnés. Mais ce système nécessitait toujours des stations mobiles de puissances d'émission importantes (8 [W]) et donc des appareils mobiles de taille et de poids conséquents. De plus, afin d'éviter les interférences, deux cellules adjacentes ne peuvent pas utiliser les mêmes fréquences. Cette organisation du réseau utilise donc le spectre fréquentiel d'une manière sous-optimale.

C'est pour résoudre ces différents problèmes qu'est apparu le concept de cellule. Le principe de ce système est de diviser le territoire en de petites zones, appelées cellules, et de partager les fréquences radio entre celles-ci. Ainsi, chaque cellule est constituée d'une station de base (reliée au Réseau Téléphonique Commuté, RTC) à laquelle on associe un certain nombre de fréquences. Comme précédemment, ces fréquences ne peuvent pas être utilisées dans les cellules adjacentes afin d'éviter les interférences11.3. Ainsi, on définit des motifs, appelés motifs ou clusters, constitués de plusieurs cellules, dans lesquels chaque fréquence est utilisée une seule fois. À titre d'exemple, on peut se référer à la figure 11.1.

Figure 11.1: Figure représentant un motif élémentaire (à gauche) et un ensemble de motifs dans un réseau (à droite).
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Graphiquement, on représente une cellule par un hexagone car cette forme approche celle d'un cercle. Cependant, en fonction de la nature du terrain et des constructions, les cellules n'ont pas une forme circulaire. De plus, afin de permettre à un utilisateur passant d'une cellule à une autre de garder sa communication, il est nécessaire que les zones de couverture se recouvrent de 10 à 15%.

Pour éviter les interférences entre cellules utilisant les mêmes fréquences, il est également possible d'asservir la puissance d'émission de la station de base en fonction de la distance qui la sépare de l'utilisateur. Le même processus du contrôle de la puissance d'émission est également appliqué en sens inverse. En effet, pour diminuer la consommation d'énergie des mobiles et ainsi augmenter leur autonomie, leur puissance d'émission est calculée en fonction de leur distance à la station de base.

Un cellule se caractérise:

Il faut noter que la taille des cellules n'est pas la même sur tout le territoire. En effet, celle-ci dépend:

Ainsi, dans une zone rurale où le nombre d'abonnés est faible et le terrain relativement plat, les cellules seront plus grandes qu'en ville où le nombre d'utilisateurs est très important sur une petite zone et où l'atténuation due aux bâtiments est forte. Un opérateur devra donc tenir compte des contraintes du relief topographique et des contraintes urbanistiques pour dimensionner les cellules de son réseau. On distingue pour cela quatre services principaux:

  1. Le service ``Outdoor'' qui indique les conditions nécessaires pour le bon déroulement d'une communication en extérieur.
  2. Le service ``Incar'' qui tient compte des utilisateurs se trouvant dans une voiture. On ajoute typiquement une marge supplémentaire de 6 [dB] dans le bilan de puissance pour en tenir compte.
  3. Le service ``Indoor'' qui permet le bon déroulement des communications à l'intérieur des bâtiments. Cette catégorie de service se subdivise encore en deux:

    1. le ``Soft Indoor'' lorsque l'utilisateur se trouve juste derrière la façade d'un bâtiment et
    2. le ``Deep Indoor'' lorsqu'il se trouve plus à l'intérieur.
Typiquement, on considère qu'il faut tenir compte de 10 [dB] d'atténuation supplémentaire pour le Soft Indoor et de 20 [dB] pour Deep Indoor à 900 [MHz].

11.1.2.1 Réutilisation des ressources

Par rapport au système de première génération, les cellules étant de taille plus petite, la puissance d'émission est plus faible et le nombre d'utilisateurs peut être augmenté pour une même zone géographique. C'est grâce au principe de ré-utilisation des fréquences qu'un opérateur peut augmenter la capacité de son réseau. En effet, il lui suffit de découper une cellule en plusieurs cellules plus petites et de gérer son plan de fréquences pour éviter toute interférence. Il y a toute une nomenclature spécifique pour classer les cellules en fonction de leur taille (macro, micro, pico, etc).

Définition 50   [Capacité] La capacité est le trafic maximum que peut écouler une cellule en fonction du nombre de fréquences qui lui sont attribuées, le trafic étant fonction du nombre moyen de personnes qui communiquent et de la durée moyenne d'une communication.

Étant donné que, dans un réseau, une même fréquence est réutilisée plusieurs fois, il est nécessaire d'évaluer la distance minimum qui doit séparer deux cellules utilisant la même fréquence pour qu'aucun phénomène perturbateur n'intervienne. En calculant le rapport $ {\frac{{C}}{{N}}}$ entre la puissance de la porteuse et celle du bruit, il est possible d'estimer cette distance.

11.1.2.2 Estimation du rapport de puissance porteuse à bruit

Dans une cellule, un mobile reçoit à la fois le message utile (dont la puissance vaut C) qui lui est destiné et un certain nombre de signaux perturbateurs. La connaissance du rapport entre ces puissances, nous permettra de connaître la qualité de la communication.

Pour commencer, il est nécessaire d'identifier les différents signaux perturbateurs. On peut les subdiviser en deux classes:

  1. Les interférences de puissance totale I qui sont dues aux signaux émis par les autres stations. On peut distinguer :

    1. Les interférences co-channel qui sont dues aux signaux émis par les autres stations de base utilisant la même fréquence.
    2. Les interférences de canaux adjacents dues aux signaux émis par les stations de base utilisant des fréquences voisines.
  2. Le bruit, de puissance N, provenant principalement du bruit de fond du récepteur.
Dès lors, c'est le rapport

$\displaystyle {\frac{{C}}{{N+I}}}$ (11.1)

qui permet d'évaluer la qualité de la communication ainsi que la distance de réutilisation des fréquences.



Notes

... interférences11.3
En pratique, une distance minimale de deux cellules séparent deux cellules utilisant la même fréquence.

Marc Van Droogenbroeck. Tous droits réservés.
2004-06-11