Il existe de nombreux circuits de réalisation de la modulation d'amplitude classique. Il n'entre pas dans notre intention d'étudier les technologies, par ailleurs dépendantes de la fréquence, ou de détailler l'ensemble des schémas possibles. Seuls seront présentés les principes de réalisation avec quelques circuits en guise d'illustration. L'organe de base pour réaliser une modulation d'amplitude est le mélangeur; il combine deux fréquences pour en créer la somme et la différence.
Deux approches sont possibles. Elles sont connues sous les noms de modulations linéaire ou quadratique.
Le principe de la modulation linéaire est illustré à la figure 3.5. La porteuse est amplifiée dans un dispositif électronique dont le gain g(t) est réglable et est une fonction linéaire du signal modulant.
Le multiplieur est l'élément conceptuellement le plus immédiat pour implémenter la modulation d'amplitude. Comme son nom l'indique, le multiplieur effectue le produit des signaux fournis à l'entrée.
Il existe de nombreux types de multiplieurs analogiques sous forme intégrée, qui peuvent multiplier des tensions alternatives (multiplieur quatre quadrants) ou seulement des tensions positives (multiplieur deux quadrants). Le multiplieur est un premier type de mélangeur. La sortie d'un multiplieur peut s'écrire
s(t) = kc(t)g(t) + k'c(t) + k''g(t) + k''' | (3.22) |
Après compensation des distorsions et décalages éventuels, on obtient la relation linéaire d'un multiplieur parfait
s(t) = kc(t)g(t) | (3.23) |
La dénomination de modulation linéaire vient de ce que la loi régissant le gain du dispositif en fonction du signal modulant doit être absolument linéaire; en effet, une loi non-linéaire reviendrait à causer de la distorsion non-linéaire sur le signal d'information, ce qui est généralement inacceptable.
Le principe de la modulation quadratique
est le suivant: la porteuse
c(t) = Accos(2fct) et le signal
modulant
x(t) = xmaxm(t) sont d'abord additionnés, et le résultat
est appliqué à un organe non-linéaire. Un filtre passe-bande est utilisé
pour éliminer les composantes spectrales indésirables à la sortie
de celui-ci (figure 3.6).
Supposons que la fonction de réponse de l'organe non-linéaire soit r(t) et possède un développement en série de TAYLOR. On peut alors écrire
r(x(t) + c(t)) = r0 + r1(x(t) + c(t)) + r2(x(t) + c(t))2 + r3(x(t) + c(t))3 +... | (3.24) |
soit après réarrangement des premiers termes
r(x(t) + c(t)) = r0 + r1x(t) + r1(1 + ![]() |
(3.25) |
Dans les conditions normales, fc est beaucoup plus grande que la bande de base, et les termes de la somme sont très nettement disjoints sur l'axe des fréquences. Le troisième terme donne les composantes spectrales correspondant à la modulation d'amplitude classique et peut donc être aisément sélectionné par le filtre passe-bande représenté à la figure 3.6. Le terme donnant les bandes latérales provient du terme quadratique dans le développement en série de TAYLOR de la non-linéarité. D'où le nom de modulation quadratique. Les termes non écrits donnent lieu à des composantes spectrales à afc±bW qui peuvent toutes être éliminées par filtrage, à un exception près: il s'agit des termes à fc±bW qui recouvrent la bande utile. Ces termes correspondent à une distorsion affectant l'amplitude instantanée du signal résultant, c'est-à-dire à une distorsion non-linéaire sur le signal modulant. Cela est donc hautement indésirable si ce signal est du type analogique, et acceptable dans certaines proportions pour des signaux numériques. Une analyse plus fine montre que les composantes indésirables proviennent des termes d'ordre impair et supérieur ou égal à trois. La modulation quadratique exige donc que ces termes soient absents du développement; idéalement la caractéristique de la non-linéarité ne devrait comporter que le terme linéaire et quadratique. La suppression des termes d'ordre impair s'obtient généralement par une architecture symétrique et balancée du modulateur non-linéaire.
Une non-linéarité très proche du comportement quadratique désiré est la relation liant le courant de drain id et la tension vgs entre la grille et la source dans un transistor à effet de champ en zone de saturation id = it(1 - (vgs/vp)2).
De nombreux circuits de modulation, dont celui de la figure 3.7, utilisent une diode.
![]() |
Considérons le circuit de la partie supérieure de la figure 3.7. On suppose que l'amplitude de la porteuse est telle qu'elle entraîne une large excursion sur la fonction caractéristique de la diode. Pour la facilité de l'analyse, le fonctionnement de la diode est modélisé par celui d'un interrupteur idéal: l'impédance est nulle lorsque la diode laisse passer un courant induit par la tension appliquée à ses bornes, c'est-à-dire lorsque c(t) > 0. Dans ce cas, la tension relevée aux bornes de la résistance de charge Rl suit parfaitement la tension v1(t); autrement dit, la combinaison diode-résistance présente l'allure d'une fonction de transfert linéaire telle que représentée à la figure 3.7.(b).
Le signal v1(t) consiste en la somme de la porteuse
c(t) = Accos2
fct
et du signal modulant m(t):
v1(t) = Accos![]() ![]() ![]() |
(3.26) |
Si l'amplitude de la porteuse Ac est telle que
m(t)
Ac,
la tension v2(t) vaut
v2(t) ![]() ![]() ![]() |
(3.27) |
Dès lors, le signal v2(t) oscille entre v1(t) et 0 à la fréquence de porteuse fc. On peut réécrire v2(t) sous la forme du produit suivant
où pTc(t) est un train d'impulsions de période Tc = 1/fc. En introduisant l'expression de la série de FOURIER de pTc(t), à savoir,
dans l'équation 3.28, v2(t) s'écrit comme la somme des deux composantes suivantes:
![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() |
(3.30) |
qui constitue le signal modulé en amplitude avec un taux de modulation
d'amplitude égal à
ka = 4/Ac. Il apparaît que le taux
de modulation augmente à mesure que l'amplitude de la porteuse diminue.
On pourrait dès lors être tenté de diminuer cette amplitude, d'autant
que cela correspond à une meilleure utilisation de la puissance totale.
Il convient néanmoins de garder à l'esprit que le résultat présuppose
que cette amplitude soit largement supérieure à l'amplitude du signal
modulant.
Pour contrôler la linéarité de la caractéristique de modulation et l'absence de surmodulation, on peut appliquer le signal modulé s(t) à l'entrée Y d'un oscilloscope, tandis que la tension modulante x(t) est appliquée en X. On obtient un figure trapézoïdale (figure 3.9) dont les côtés donnent la caractéristique de modulation. Cette méthode s'applique tout aussi bien à la modulation à porteuse supprimée.