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7.4.5 Seconde phase: détection par maximum de vraisemblance

Le signal reçu durant l'intervalle de temps T est

x(t) = $\displaystyle \left\{\vphantom{ \begin{array}{lll} g_{0}(t)+n(t), & 0\leq t\leq...
...), & 0\leq t\leq T & \,\,\,\textrm{pour un signal binaire }1\end{array}}\right.$$\displaystyle \begin{array}{lll} g_{0}(t)+n(t), & 0\leq t\leq T & \,\,\,\textrm...
...}(t)+n(t), & 0\leq t\leq T & \,\,\,\textrm{pour un signal binaire }1\end{array}$ (7.94)

Pour notre étude, considérons un signal NRZ, g0(t) = - V et g1(t) = + V.

Comme in fine le récepteur doit estimer quel signal a été reçu, il peut y avoir deux types d'erreur au moment de prendre une décision

  1. Sélectionner le symbole 1 alors qu'on a transmis le symbole 0; c'est l'erreur de type 1.
  2. Sélectionner le symbole 0 alors qu'on a transmis le symbole 1; c'est l'erreur de type 2.
Pour déterminer le taux d'erreur durant la transmission, il faut examiner distinctement le cas de chaque symbole transmis. Dans le cas binaire, l'analyse revient à considérer l'émission du symbole g0(t) ou g1(t).

7.4.5.1 Probabilité d'erreur lors de l'envoi du signal NRZ g0(t)

Supposons que l'on ait transmis un symbole 0, autrement dit le signal g0(t) = - V pour 0 $ \leq$ t $ \leq$ Tb. Le signal reçu au récepteur est alors

x(t) = - V + n(t)    0 $\displaystyle \leq$ t $\displaystyle \leq$ Tb (7.95)

Tb est la durée d'un bit.

Dès lors, la sortie du filtre adapté ou corrélateur est

y(t) = $\displaystyle \int_{{-\infty}}^{{+\infty}}$g($\displaystyle \tau$)h0(t - $\displaystyle \tau$)d$\displaystyle \tau$ (7.96)
  = $\displaystyle \int_{{-\infty}}^{{+\infty}}$x($\displaystyle \tau$)kg0(Tb - t + $\displaystyle \tau$)d$\displaystyle \tau$ (7.97)
  = $\displaystyle \int_{{0}}^{{T_{b}}}$(- V)kg0(Tb - t + $\displaystyle \tau$)d$\displaystyle \tau$ + $\displaystyle \int_{{0}}^{{T_{b}}}$n($\displaystyle \tau$)kg0(Tb - t + $\displaystyle \tau$)d$\displaystyle \tau$ (7.98)

En t = Tb,
y[Tb] = $\displaystyle \int_{{0}}^{{T_{b}}}$(- V)kg0($\displaystyle \tau$)d$\displaystyle \tau$ + $\displaystyle \int_{{0}}^{{T_{b}}}$n($\displaystyle \tau$)kg0($\displaystyle \tau$)d$\displaystyle \tau$ (7.99)
  = kV2Tb - kV$\displaystyle \int_{{0}}^{{T_{b}}}$n($\displaystyle \tau$)d$\displaystyle \tau$ (7.100)

Pour un gain k = - 1/VTb,

y[Tb] = - V + $\displaystyle {\frac{{1}}{{T_{b}}}}$$\displaystyle \int_{{0}}^{{T_{b}}}$n($\displaystyle \tau$)d$\displaystyle \tau$ (7.101)

Remarquons qu'il s'agit de la réalisation d'une variable aléatoire Y échantillonnée au temps t = Tb. Moyennant l'hypothèse d'un bruit additif blanc et gaussien n(t), la variable aléatoire Y jouit des caractéristiques suivantes:

La fonction d'autocorrélation $ \Gamma_{{NN}}^{}$$ \left(\vphantom{t,u}\right.$t, u$ \left.\vphantom{t,u}\right)$ du bruit blanc gaussien est par hypothèse sur la nature de ce bruit une impulsion de DIRAC

$\displaystyle \Gamma_{{NN}}^{}$$\displaystyle \left(\vphantom{t,u}\right.$t, u$\displaystyle \left.\vphantom{t,u}\right)$ = $\displaystyle {\frac{{N_{0}}}{{2}}}$$\displaystyle \delta$(t - u) (7.106)

Après substitution de cette valeur dans l'équation 7.105,

$\displaystyle \sigma_{{Y}}^{{2}}$ = $\displaystyle {\frac{{1}}{{T_{b}^{2}}}}$$\displaystyle \int_{{0}}^{{T_{b}}}$$\displaystyle \int_{{0}}^{{T_{b}}}$$\displaystyle {\frac{{N_{0}}}{{2}}}$$\displaystyle \delta$(t - u)dtdu (7.107)
  = $\displaystyle {\frac{{N_{0}}}{{2T_{b}}}}$ (7.108)

Et donc, la fonction de densité de probabilité de la variable aléatoire Y après transmission du symbole 0 vaut

fY(y| 0) = $\displaystyle {\frac{{1}}{{\sqrt{\pi N_{0}/T_{b}}}}}$e-$\scriptstyle {\frac{{(y+V)^{2}}}{{N_{0}/T_{b}}}}$ (7.109)

Soit Pe0 la probabilité d'erreur conditionnelle tenant compte de l'émission du symbole 0. En l'absence de bruit, la sortie du filtre adapté fourni - V au temps d'échantillonnage t = Tb. La situation est tout autre en présence de bruit. En effet, la réalisation y(t) prend des valeurs tantôt supérieure, tantôt inférieure à - V. À la limite, le bruit est tel que le signal se rapproche de la valeur + V relative au symbole 1, ce qu'il faut éviter. Si l'on définit un seuil $ \lambda$ de décision situé entre - V et + V, il y aura erreur sur le symbole 0 si la variable aléatoire dépasse la valeur de ce seuil. Formellement, on écrit

Pe0 = p(y > $\displaystyle \lambda$| 0) (7.110)
  = $\displaystyle \int_{{\lambda}}^{{+\infty}}$fY(y| 0)dy (7.111)
  = $\displaystyle {\frac{{1}}{{\sqrt{\pi N_{0}/T_{b}}}}}$$\displaystyle \int_{{\lambda}}^{{+\infty}}$e-$\scriptstyle {\frac{{(y+V)^{2}}}{{N_{0}/T_{b}}}}$dy (7.112)

Pour poursuivre, il faut fixer la valeur du seuil $ \lambda$. Une telle détermination se fonde sur la probabilité a priori des symboles 0 et 1, notées respectivement p0 et p1. En prenant des probabilités égales telles que p0 + p1 = 1,

p0 = p1 = $\displaystyle {\frac{{1}}{{2}}}$ (7.113)

Dans le cas que nous traitons, les valeurs de crête des deux symboles sont équidistantes par rapport à l'origine le long de l'axe y. Il est dès lors logique de prendre

$\displaystyle \lambda$ = 0 (7.114)

Cela nous permet de poursuivre le calcul de la probabilité conditionnelle; Pe0 devient

Pe0 = $\displaystyle {\frac{{1}}{{\sqrt{\pi N_{0}/T_{b}}}}}$$\displaystyle \int_{{0}}^{{+\infty}}$e-$\scriptstyle {\frac{{(y+V)^{2}}}{{N_{0}/T_{b}}}}$dy (7.115)

Après le changement de variable z = $ {\frac{{y+V}}{{\sqrt{N_{0}/T_{b}}}}}$, on obtient

Pe0 = $\displaystyle {\frac{{1}}{{\sqrt{\pi}}}}$$\displaystyle \int_{{\sqrt{E_{b}/N_{0}}}}^{{+\infty}}$e-z2dz (7.116)

Eb est l'énergie transmise par bit telle que calculée par (cf. définition 79, page [*])

Eb = V2Tb (7.117)

Il est pratique d'introduire la fonction d'erreur complémentaire; elle est définie par

erfc(u) = $\displaystyle {\frac{{2}}{{\sqrt{\pi}}}}$$\displaystyle \int_{{u}}^{{+\infty}}$e-z2dz (7.118)

Grâce à cette fonction, on obtient

Pe0 = $\displaystyle {\frac{{1}}{{2}}}$erfc$\displaystyle \left(\vphantom{\sqrt{\frac{E_{b}}{N_{0}}}}\right.$$\displaystyle \sqrt{{\frac{E_{b}}{N_{0}}}}$$\displaystyle \left.\vphantom{\sqrt{\frac{E_{b}}{N_{0}}}}\right)$ (7.119)

La densité de probabilité fY(y| 0) et la probabilité d'erreur Pe0 sont représentées à la figure 7.8(a).

Figure 7.8: Forme des densités de probabilités fY(y| 0), fY(y| 1) et probabilités d'erreur.
9201  

7.4.5.2 Probabilité d'erreur lors de l'envoi du signal NRZ g1(t)

Supposons à présent que ce soit le signal g1(t) qui ait été envoyé. Un raisonnement similaire au précédent conduit rapidement à

fY(y| 1) = $\displaystyle {\frac{{1}}{{\sqrt{\pi N_{0}/T_{b}}}}}$e-$\scriptstyle {\frac{{(y-V)^{2}}}{{N_{0}/T_{b}}}}$ (7.120)

On note par Pe1 la probabilité d'erreur conditionnelle après émission du symbole 1. Son expression est

Pe1 = p(y < $\displaystyle \lambda$| 1) (7.121)
  = $\displaystyle \int_{{-\infty}}^{{\lambda}}$fY(y| 1)dy (7.122)
  = $\displaystyle {\frac{{1}}{{\sqrt{\pi N_{0}/T_{b}}}}}$$\displaystyle \int_{{-\infty}}^{{\lambda}}$e-$\scriptstyle {\frac{{(y-V)^{2}}}{{N_{0}/T_{b}}}}$dy (7.123)

En opérant le changement de variable - z = $ {\frac{{y-V}}{{\sqrt{N_{0}/T_{b}}}}}$, on remarque que Pe0 = Pe1.

Les deux densités de probabilité sont représentées à la figure 7.9.

Figure 7.9: Densités de probabilité conditionnelles.
9244  

7.4.5.3 Probabilité d'erreur moyenne

Pour déterminer la probabilité d'erreur au récepteur, on note que les deux types d'erreur énoncés précédemment sont exclusifs. On définit une probabilité d'erreur moyenne au récepteur Pe en pondérant les erreurs respectives par les probabilités a priori des signaux à l'émetteur

Pe = p0Pe0 + p1Pe1 (7.124)

Dans notre cas, on en déduit la valeur suivante

Pe = $\displaystyle {\frac{{1}}{{2}}}$erfc$\displaystyle \left(\vphantom{\sqrt{\frac{E_{b}}{N_{0}}}}\right.$$\displaystyle \sqrt{{\frac{E_{b}}{N_{0}}}}$$\displaystyle \left.\vphantom{\sqrt{\frac{E_{b}}{N_{0}}}}\right)$ (7.125)

Cette grandeur est généralement appelée taux d'erreur sur bit ou Bit Error Rate (BER).

Le taux d'erreur moyen d'un système PCM à deux états opposés dépend donc exclusivement du rapport entre l'énergie transmise par bit et la densité spectrale de bruit; la courbe est dessinée à la figure 7.10.

Figure 7.10: Taux d'erreur pour un codage en ligne de type NRZ bipolaire.
9274  

Comme il n'est pas possible d'agir sur la valeur de la puissance de bruit N0, diminuer la probabilité d'erreur ne pourra se faire que par l'augmentation de Eb. Puisque Eb = V2Tb, il faudrait donc augmenter V -du moins quand ce degré de liberté existe- ou ralentir la cadence d'émission.

En pratique, on recourt à une autre technique, en l'occurrence à celle des codes détecteurs ou correcteurs d'erreur qui diminue le taux d'erreur mais qui présente l'inconvénient d'élargir la bande de base à même débit utile d'information.


Marc Van Droogenbroeck. Tous droits réservés.
2005-03-11